Yves Bensimon, podologue

Questions à Yves Bensimon, Podologue à Paris

Bonjour Yves, peux-tu nous présenter ton parcours professionnel et ta pratique au cabinet ?

J’exerce mon activité de podologue depuis une quinzaine d’années.

J’ai centré mon activité sur la podologie uniquement, et plus précisément sur les domaines de l’orthopédie, du sport et du diabète.

Je pratique mon activité au sein de structures multidisciplinaires, entouré de spécialistes dans mes domaines de compétences :

Pour l’orthopédie et le sport, je pratique à la Clinique Paris Lilas.

Pour le diabète, je consulte dans le service de podologie de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

L’exercice à l’hôpital a stimulé mon esprit à la recherche clinique, ce qui m’a amené à passer un Master 2 de recherche sur le handicap neurologique.

Cette expérience m’a permis de mettre en application l’évaluation des traitements indispensables dans la pratique quotidienne.

Cabinet de podologie d'Yves Bensimon

Pourquoi porter des semelles orthopédiques ? Quelles sont les pathologies les plus fréquentes que tu rencontres dans ta pratique au cabinet ?

Le port de semelles orthopédiques est destiné à modifier, temporairement ou de manière permanente, la biomécanique du corps, c’est-à-dire le fonctionnement mécanique de nos articulations, de nos muscles et de notre posture.

En consultation, le podologue prend en charge :

– Des pathologies propres au pied comme les syndromes de Morton, les épines calcanéennes et aponévrosites plantaires, les tendinites, les instabilités de cheville, les problématiques d’orteils ainsi que les protocoles de suivi pré et post opératoires d’hallux valgus ;

– Les pathologies articulaires comme l’arthrose du pied mais également du genou et de la hanche ;

– Les pathologies sportives musculaires du membre inférieur comme les tendinites (essuie-glace, fessiers…), ou les entorses ;

– Les anomalies de posture du bassin et de la colonne vertébrale, entraînant des lombalgies chroniques, des sciatalgies ou des problématiques scoliotiques.

Peux-tu nous expliquer les différents types de semelles orthopédiques ? Quelle technologie et quel matériau privilégies-tu ?

On distingue deux familles de semelles orthopédiques :

Les semelles mécaniques qui agissent mécaniquement sur les mouvements du corps

On peut utiliser 3 techniques de réalisations pour ces semelles :

    • Les semelles classiques dites « par éléments » ;
    • Les semelles thermoformées, où un module de matériaux combinés est moulé à la forme du pied du patient ;
    • Et la technologie la plus récente, que j’utilise dans la majorité des cas : les semelles à impression 3D qui permettent un maximum de précision.

Les semelles proprioceptives et posturales

Elles vont agir sur les récepteurs cutanés plantaires pour modifier le réflexe de posture.

Généralement constituées d’éléments de faible relief, ces semelles vont jouer le rôle de corps dérangeant, à l’image d’un caillou dans une chaussure, pour régler la posture en modifiant la position du pied au sol.

Cette méthodologie ne s’applique pas, à mon sens, à toutes les pathologies rencontrées en consultation, mais est véritablement efficace dans certains cas de figure.

Peux-tu nous en dire plus sur la technologie semelles 3D ?

Cette technologie a mis du temps à s’adapter à la pratique de la podologie.

Elle est aujourd’hui arrivée à maturité et permet :

  • Une précision millimétrée grâce aux outils de prise d’empreinte numérique, et
  • Une ergonomie parfaite avec un grand nombre de chaussures.
semelles orthopédiques imprimées en 3D

Est-ce que les semelles orthopédiques s’adapteront à toutes mes chaussures ? Sinon quelles chaussures porter avec des semelles orthopédiques ?

Je précise souvent à mes patients que la chaussure fait partie du traitement.

Il parait évident qu’un patient souffrant d’un hallux valgus très prononcé et portant des chaussures très étroites ne verra pas son problème amélioré par l’ajout d’une semelle dans des chaussures, le volume chaussant étant déjà insuffisant avant l’utilisation des semelles.

Dans ce cas précis, l’adaptation du chaussage s’impose.

Les chaussures les mieux adaptées aux semelles sont celles qui présentent des semelles de propreté amovibles.

Le remplacement de ces semelles « neutres » permet d’accepter le volume du pied et celui des semelles correctrices.

Aujourd’hui, la faible épaisseur des semelles à impression 3D permet, malgré tout, une adaptation à un très large choix de chaussures.

Est-ce que les semelles orthopédiques doivent être portées tous les jours ?

C’est assez dépendant de la pathologie.

Dans la grande majorité des cas, les semelles sont à porter au long court, à l’exception des cas où les pathologies sont uniquement en lien avec un geste sportif.

Dans ce cas précis, les semelles pourront être utilisées seulement dans les situations à risque.

J’ai des douleurs avec mes nouvelles semelles orthopédiques. Que dois-je faire ? Y a-t-il un temps d’adaptation ?

On distingue deux types de problèmes d’adaptation aux semelles.

Le premier, et le plus fréquent, est inhérent à un chaussage inadapté.

C’est pourquoi, il est important, lors de la remise des semelles, que le patient présente au podologue les différents types de chaussures utilisés.

Comme je te le décrivais précédemment, la technologie 3D résout en grande partie, ce premier problème d’adaptation.

Le deuxième problème est l’adaptation biomécanique.

Le port de semelles ne doit générer aucune douleur nouvelle, ni augmenter la douleur existante même dans les tous premiers jours d’utilisation.

On retrouve parfois une gêne locale sous le pied ou bien une gêne musculaire sur certains groupes de muscles du membre inférieur (sensation d’avoir fait un effort inhabituel).

Cette gêne doit s’estomper au maximum au bout d’une semaine.

Si ce n’était pas le cas, il est impératif de revenir vers son podologue afin d’identifier le problème et le résoudre.

Faut-il prendre une pointure de chaussures au-dessus avec des semelles orthopédiques ?

Encore une réponse apportée par l’impression 3D et la finesse de la semelle.

Il est rare d’avoir à changer de pointure, sauf dans le cas où la pointure choisie initialement était déjà trop juste.

Devrai-je porter mes semelles orthopédiques toute la vie ?

Tout dépend du cas de figure.

Lorsque la pathologie est en lien avec une déformation ou une déviation anatomique irréductible, les semelles devront être porté tout au long de la vie.

Lorsque la douleur est en lien avec un traumatisme sportif ou de la vie quotidienne, le port de semelles est ponctuel, le temps de la guérison.

Dans ce cas les semelles peuvent être utilisées après guérison, uniquement dans l’activité ayant déclenché le traumatisme, afin de prévenir une récidive.

Une seule semelle peut-elle traiter plusieurs pathologies ?

Bien sûr !

Une pathologie s’inscrit dans une chaîne de réactions du corps.

Le podologue prendra en compte, dans son examen, l’ensemble des chaînes posturales aboutissant à la pathologie et les corrigera.

Quelle est la durée de vie des semelles orthopédiques ?

Au minimum une année. Cela dépend également de l’utilisation qui en est faite.

Quel remboursement pour les semelles orthopédiques ?

La sécurité sociale permet le remboursement d’une paire de semelles orthopédiques par an, à raison de 15 à 54 €. Ce qui est faible. Généralement, les mutuelles complètent cependant, tout ou partie des dépenses du patient.

Quel remboursement pour les semelles orthopédiques ?

La sécurité sociale permet le remboursement d’une paire de semelles orthopédiques par an, à raison de 15 à 54 €, ce qui est faible.

Cependant, les mutuelles complètent généralement tout ou partie des dépenses du patient.

Tu participes également à des projets de recherche. Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai effectivement participé, et participe toujours, à de nombreux travaux de recherches centrés sur la problématique du pied diabétique et ses conséquences.

Travaillant dans un service de référence sur le sujet, mes collègues et moi sommes sollicités par des entreprises de biotechnologie pour la mise au point de nouveaux systèmes d’analyse et de modification de la marche.

Ce que je trouve particulièrement intéressent dans cette démarche, c’est l’utilisation, dans un second temps, des résultats de ces recherches pour la pratique quotidienne de la podologie.

Mon sujet de recherche actuel sort un peu de ce cadre, puisqu’il est dicté par l’actualité, et concerne l’évaluation des effets du confinement COVID 19 sur l’évolution des plaies du pied diabétique.

Hallux valgus :

Traitement médical :

  • orthoplastie séparatrice pour limiter les douleurs articulaires et ligamentaires.
  • Semelles orthopédiques pour prendre en charge les facteurs favorisants les douleurs d’hallux valgus.
  • Rééducation : auto rééducation de mobilisation de l’articulation de l’hallux (métatarso-phalangienne).

Traitement chirurgical : principalement en cas de douleurs non résolues par l’appareillage.

Syndrome de Morton :

Inflammation de la gaine du nerf inter-métatarsien.

Traitement médical :

– Adaptation du chaussage : sans compression de l’avant pied et limitation de la hauteur du talon à 5 centimètres.

– semelles orthopédiques de décompression de l’espace inter-métatarsien où se trouve la compression nerveuse

-en cas d’échec : infiltration locale d’anti inflammatoires

Traitement chirurgical

-en dernier recours chirurgie de libération de la gaine du nerf et harmonisation de la palette métatarsienne.

Haglund :

Traitement médical :

-Rééducation : assouplissement/étirement du tendon d’Achille pour limiter les tractions du tendon sur l’os en déformation du talon.

-semelles orthopédiques de protection du talon et/ou de détente du tendon d’Achille.

Tendinopathie d’Achille :

Rééducation : étirement assouplissement

Semelles orthopédiques : détente du tendon, correction des troubles statiques favorisants

Ondes de choc

Chaussage : talonnettes

Aponévrosite plantaire :

Semelles orthopédiques : décharge de l’insertion de l’aponévrose / corrections des troubles statiques favorisants.

Auto-rééducation : extension maximale de la cheville pendant 30 secondes 3/jour + massages profonds de l’aponévrose.

Ondes de choc.

Infiltration.

page Doctolib

Yves Bensimon

podologue à Paris

spécialiste de l’orthopédie, du sport et du diabète

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Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.