Calcification de tendons de l’épaule
Qu’est-ce qu’une tendinopathie calcifiante de la coiffe des rotateurs ?
Vous consultez pour des douleurs de l’épaule. Dans la plupart des cas, les douleurs de l’épaule apparaissent dans le cadre du vieillissement naturel de votre corps ou à cause d’une sollicitation excessive professionnelle ou sportive. Chez certains patients, ces douleurs sont en rapport avec des dépôts de calcium dans les tendons de votre épaule (tendinopathie calcifiante de la coiffe).
Ces calcifications apparaissent le plus souvent spontanément et sont responsables de vives douleurs, très invalidantes de jour comme de nuit. Ces calcifications ont naturellement tendance à disparaître avec le temps, mais parfois seulement après plusieurs années. En cas d’échec d’un traitement médical bien conduit pendant plusieurs mois, il est possible d’enlever ces dépôts de calcium qui irritent votre épaule.
Avant l’opération
Un bilan complet est réalisé avec radiographies, IRM ou arthroscanner pour confirmer le diagnostic et de prévoir la chirurgie. Souvent des infiltrations de corticoïdes seront tentées pour essayer de calmer la douleur. Parfois, selon la forme de calcification, on proposera une évacuation de la calcification avec une aiguille guidée par une radiographie ou une échographie, sans anesthésie générale.
En quoi consiste l’opération pour tendinopathie calcifiante de la coiffe ?
La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale le plus souvent associée à une anesthésie locorégionale pour diminuer les douleurs post-opératoires.
Elle est réalisée entièrement de façon mini-invasive sous arthroscopie en introduisant dans votre épaule une caméra vidéo et des instruments miniaturisés pour faire le bilan des lésions de l’articulation et les traiter. Dans certains cas cependant, une chirurgie avec une incision plus importante peut se révéler nécessaire.
L’opération pour calcifications de l’épaule consiste à enlever des dépôts de calcium qui viennent se former dans les tendons de votre épaule. Les calcifications sont repérées puis évacuées de votre tendon de l’épaule. Selon la forme de la calcification, il sera ou non possible de retirer toute la calcification. Des gestes associés seront réalisés pour améliorer le résultat : bursectomie (nettoyage de l’inflammation de votre l’épaule), acromioplastie, ténotomie du long biceps ou réparation des tendons de la coiffe.
De la même manière, s’il existe des calcifications diffuses de vos tendons, il n’est pas possible de retirer l’ensemble de votre tendon, et seuls les gestes de nettoyage seront réalisés.
Cette opération se pratique le plus souvent en chirurgie ambulatoire.
Les suites opératoires et la reprise des activités
Les suites opératoires peuvent être marquées par des douleurs importantes, sans qu’il soit possible, avant
l’opération, de le prévoir.
Un traitement antalgique sera adapté à votre cas. Votre membre sera immobilisé dans
une attelle pour une durée prévue par votre chirurgien en fonction des lésions, le temps que les structures réparées
cicatrisent et se fixent solidement. Ce délai varie entre une et six semaines. Pendant la période post-opératoire votre
autonomie va être diminuée.
La rééducation sera longue. Classiquement elle débute en passif en pendulaire aidé par le kiné et par l’autre bras le
temps de l’immobilisation pour conserver une articulation souple. Puis le travail actif sera débuté une fois les
lésions cicatrisées, l’épaule libérée et souple. Les délais d’évolution sont variables selon les personnes. Vous serez
revu(e) en consultation et la rééducation sera adaptée à l’évolution de votre épaule, aux gestes pratiqués et au
protocole de votre chirurgien.
Le but de cette chirurgie est d’améliorer la fonction globale de votre épaule en faisant disparaître les douleurs. La
tendinopathie calcifiante est une maladie de votre tendon, il n’est pas possible de retirer votre tendon sinon votre
épaule risque de ne plus bouger. Il est donc parfois nécessaire de ne pas enlever toute la calcification afin de
préserver votre tendon. Plus les calcifications sont limitées, meilleures sont les chances de guérison.
Des douleurs climatiques ou positionnelles peuvent perdurer avec le temps, mais la grande majorité des douleurs
préopératoires disparaissent progressivement.
Quelles sont les complications possibles ?
Les complications postopératoires immédiates sont rares.
Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée ou des brûlures (superficielles) parfois en rapport avec le liquide de rinçage,
chauffé par le fonctionnement des instruments. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.
L’infection profonde est exceptionnelle et peut nécessiter une nouvelle chirurgie ainsi qu’un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection. Les consignes de préparation cutanée doivent être soigneusement respectées.
Il est exceptionnel d‘observer une obstruction des vaisseaux sanguins (par des caillots de sang) dans le bras (phlébites) avec un risque de migration au poumon (embolie). Si le risque est jugé important, un traitement anticoagulant préventif sera donné.
Des nerfs ou des vaisseaux sanguins peuvent être touchés pendant l’opération ou suite à une migration des moyens
de fixation. Cela peut entraîner des troubles de fonctionnement ou de sensibilité de certaines parties du bras.
L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois, une prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
La capsulite rétractile est une rétraction de la capsule de l’articulation entraînant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. D’origine mal connue, elle récupère en un an environ mais peut quelquefois entraîner une raideur partielle séquellaire. Les lésions nerveuses sont exceptionnelles.
La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce qu’il faut comprendre et accepter avant l’opération.
Les complications secondaires sont représentées par les raideurs post opératoires douloureuses liées à une algodystrophie ou une capsulite rétractile.
Il s’agit de phénomènes douloureux et inflammatoires avec rétraction de la capsule entraînant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule, encore mal compris. Le traitement est médical, peut durer de 6 à 18 mois entraînant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Cela peut parfois entraîner une raideur partielle séquellaire. Leurs survenues, leurs évolutions et les séquelles potentielles ne sont pas prévisibles.
Les complications tardives sont représentées par :
- la persistance ou de la réapparition de phénomènes douloureux. Il s’agit alors de
la poursuite de l’usure des tendons, ou de la rupture de l’attache des tendons en cas de non-respect des consignes
et de la poursuite du tabagisme. - L’apparition d’une boule sur le bras due au lâchage d’un biceps abimé (signe de Popeye) est une évolution
classique connue, sans conséquence fonctionnelle, qui ne nécessite aucun traitement. L‘existence de ces reruptures dues au vieillissement des tissus doivent inciter à suivre scrupuleusement les consignes de prudence du
chirurgien pendant la phase de cicatrisation qui dure 6 mois et ménager ensuite définitivement son épaule réparée.
La mobilisation des ancres est exceptionnelle tout comme une réaction à leur sujet.
Enfin, des douleurs séquellaires isolées sans lésion anatomique peuvent persister.
Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.