Disjonction (entorse ou luxation) acromio-claviculaire

Qu’est-ce qu’une disjonction acromio-claviculaire ?

L’articulation acromio-claviculaire relie l’os de l’acromion (partie supérieure de l’omoplate) à la clavicule. Cette articulation est stabilisée par les ligaments acromio-claviculaires et les ligaments coraco-claviculaires, ainsi que par le muscle deltoïde.

La disjonction (ou entorse ou luxation) acromio-claviculaire correspond à une perte de contact entre les surfaces articulaires de l’acromion et de la clavicule. Ce traumatisme survient lors d’une chute directe sur le moignon de l’épaule le plus souvent lors de la pratique de sports à risque tels que le rugby, le judo et le cyclisme. Les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires peuvent être distendus ou rompus selon le stade de la disjonction (ou entorse ou luxation).
Sans ligaments pour stabiliser l’articulation, la clavicule remonte et forme une bosse appelée « touche de piano ».

Elle comporte six stades selon le degré de déplacement et la localisation de l’extrémité de la clavicule.
Dans le stade I, il s’agit d’une entorse acromio-claviculaire simple avec distension sans rupture des ligaments acromio-claviculaires. On ne note pas d’instabilité. Les radiographies de face et de profil sont normales.
Dans le stade II, il existe une rupture des ligaments acromio-claviculaires mais un respect des ligaments coraco-claviculaires. Cliniquement, on constate un léger déplacement supérieur de la clavicule responsable d’une discrète touche de piano avec une conservation partielle de la congruence articulaire acromio-claviculaire. Il n’y a pas de tiroir antéro-postérieur.
Dans le stade III, les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires sont rompus. Il existe une ascension de la clavicule avec une touche de piano marquée. La chape trapézo-deltoïdienne est respectée de telle sorte que la distance coraco-claviculaire est augmentée de moins de 100 % par rapport au côté sain. Il existe néanmoins une perte de congruence acromio-claviculaire complète sur la radiographie de face.
Dans le stade IV, les ligaments acromio- claviculaires et coraco-claviculaires sont rompus. La clavicule est déplacée en haut et en arrière. Ceci entraîne une rupture de la chape trapézo- deltoïdienne, voire une incarcération de l’extrémité de la clavicule au travers. Il existe une perte de contact complète entre les surfaces articulaires, avec un déplacement à la fois supérieur sur la radiographie de face et en arrière de profil.
Dans le stade V, les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires sont rompus avec une distance coraco-claviculaire augmentée de plus de 100 % par rapport au côté sain.
Dans le stade VI, la clavicule réalise un déplacement inférieur sous la coracoïde.

Quand faut-il opérer une disjonction acromio-claviculaire ?

Il est possible de traiter cette disjonction par une simple immobilisation dans les cas où la clavicule est peu ou pas ascensionnée (déplacée vers le haut).

Lorsque la clavicule est très ascensionnée, il est plutôt recommandé d’opérer pour remettre la clavicule en face de l’acromion.

En effet, les ligaments peuvent ne pas cicatriser correctement lorsque la clavicule n’est pas à sa place. Ceci peut engendrer des douleurs chroniques et une gêne de l’épaule lors de certains gestes de la vie quotidienne ou sportive.

En résumé, votre chirurgien pourra vous proposer le traitement chirurgical si vous êtes un patient actif quel que soit votre âge, pratiquant une activité physique professionnelle, de loisirs et/ou sportive avec des mouvements de l’épaule effectués au-dessus de la tête (bricolage, jardinage, tennis, lancer, escalade…).
Le but de l’opération est de remettre la clavicule à niveau en permettant aux ligaments de cicatriser en position anatomique et de récupérer un fonctionnement optimal de l’épaule permettant la reprise de toutes les activités.

Avant l’opération

Un bilan radiographique est réalisé pour confirmer le diagnostic d’entorse ou de disjonction acromio-claviculaire et planifier le déroulement de la chirurgie.

En quoi consiste le traitement arthroscopique de la disjonction acromio-claviculaire ?

L’opération de stabilisation de la disjonction acromio-claviculaire est réalisée sous anesthésie générale le plus souvent associée à une anesthésie locorégionale pour diminuer les douleurs post-opératoires.

Elle est réalisée entièrement de façon mini-invasive sous arthroscopie en introduisant dans votre épaule une caméra vidéo et des instruments miniaturisés pour faire le bilan des lésions de l’articulation et les traiter. Dans certains cas cependant, une chirurgie avec une incision plus importante peut se révéler nécessaire.

 L’opération consiste à abaisser la clavicule pour la replacer en face de l’os acromion afin de permettre la cicatrisation des ligaments de l’articulation.
Votre chirurgien utilise une technique de fixation de la clavicule par un système de double bouton mini-invasif relié par une « corde » qui va être serrée (Tight Rope) entre la clavicule et l’os coracoïde. Le serrage de la corde va permettre l’abaissement de la clavicule.

Cette opération se pratique le plus souvent en chirurgie ambulatoire.

Que faire en cas de disjonction acromio-claviculaire chronique ?

Les disjonctions acromio-claviculaires aiguës négligées sont responsables d’une gêne chronique. Le traitement chirurgical donne de moins bons résultats qu’au stade aigu.
En effet, une simple réduction et fixation de l’articulation sera un échec car les ligaments n’ont plus de potentiel de cicatrisation.
La greffe d’un ligament (ligamentoplastie) doit être associée à la fixation : celle-ci peut se faire entièrement sous arthroscopie en prélevant le ligament acromio-coracoïdien (présent dans la même épaule) ou un tendon ischio-jambier du genou (le demi-tendineux par exemple).

Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.