Prothèse d’épaule

Une prothèse d’épaule, partielle, totale ou inversée remplace le cartilage de l’articulation usée par l’arthrose par des implants métalliques. La planification en 3D à partir d’images du scanner permet de fabriquer des guides personnalisés qui améliorent la précision de positionnement de l’implant.

Qu’est-ce que l’arthrose de l’épaule ou omarthrose ?

anatomie de l'épaule acromioplastie sous arthroscopie

L’épaule est l’articulation entre le bras (humérus) et l’omoplate. Il s’agit de l’articulation la plus mobile de l’organisme. Cette articulation peut s’user avec le temps mais aussi suite à un rhumatisme articulaire, un traumatisme ancien ou une nécrose de la tête de l’humérus.

L’arthrose de l’épaule, ou omarthrose, correspond à l’usure du cartilage et détruit plus ou moins vite l’articulation. Cette destruction peut toucher une partie ou la totalité de l’articulation (tête de l’humérus et glène). Cette dégradation de l’articulation s’accompagne de douleurs et d’une perte des mobilités (enraidissement). Elle peut s’accompagner d’une usure voire d’une rupture complète des tendons de la coiffe des rotateurs de l’épaule.

Lorsque le traitement médical n’est plus efficace (médicaments, rééducation et infiltrations), la chirurgie est alors la solution recommandée.

L’opération consiste à remplacer le cartilage usé de l’articulation par une prothèse partielle (humérale) ou totale d’épaule. En fonction de l’état des tendons, on utilise une prothèse anatomique, qui reproduit le fonctionnement d’une épaule normale ou une prothèse d’épaule inversée (PTEI) ou on inverse les pièces pour remplacer les tendons abîmés.

Qu’est ce qu’une prothèse d’épaule inversée ?

Prothèse anatomique : la partie sphérique est fixée à l’humérus

implant huméral AEQUALIS ASCEND™ FLEX Tornier-Wright™

prothèse inversée

Prothèse inversée : la partie sphérique est fixée à l’omoplate et l’humérus reçoit l’implant en forme de cupule

prothèse AEQUALIS ASCEND™ FLEX Tornier-Wright™

La tête de l’humérus (os du bras) de forme sphérique, pivote dans un creux de l’omoplate en forme de cupule.

La prothèse dite « anatomique » reproduit ce fonctionnement de l’épaule.

Dans une prothèse inversée, la partie sphérique est fixée sur l’omoplate tandis que l’humérus reçoit la partie concave.

Certaines prothèses sont conçues pour être placées indifféremment dans l’une ou l’autre configuration.

Pourquoi une prothèse d’épaule inversée ?

Lorsque les tendons de la coiffe des rotateurs sont trop abîmés pour permettre de lever le bras en faisant pivoter la tête de l’humérus, la prothèse inversée permet de recréer ce mouvement du bras vers le haut en utilisant la force du muscle deltoïde.

Avant l’opération

Un bilan radiographique complet est réalisé pour confirmer le diagnostic d’arthrose de l’épaule (omarthrose). Un IRM et/ou un scanner de l’épaule effectué selon un protocole spécifique servira à planifier l’opération et permettre la mise en place d’une prothèse d’épaule personnalisée.

Un bilan dentaire et urinaire est également prescrit afin de rechercher une infection qui devra être traitée avant l’intervention pour éviter toute contamination.

Il vous faudra prendre rendez-vous avec votre dentiste et faire une radiographie des dents. Un prélèvement d’urine sera réalisé une semaine avant votre hospitalisation (l’ordonnance vous sera remise lors de la consultation avec le médecin anesthésiste). En cas d’infection urinaire diagnostiquée sur ce prélèvement, rapprochez-vous au plus vite de l’équipe d’anesthésie de la clinique pour traiter cette infection.

Au cours de la consultation pré-opératoire votre chirurgien vous remettra également une ordonnance pour une séance de kinésithérapie.

Vous devrez prendre rendez-vous avec votre kinésithérapeute pour une séance à programmer quelques jours avant l’opération. Au cours de cette séance, votre kinésithérapeute effectuera un bilan articulaire de votre épaule et vous apprendra les exercices d’auto-rééducation que vous devrez effectuer plusieurs fois par jour après l’opération.

Qu’est ce qu’une prothèse d’épaule ? Comment se déroule l’opération ?

La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale le plus souvent associée à une anesthésie locorégionale pour diminuer les douleurs post-opératoires.

Une incision est réalisée sur votre épaule.

Les tendons de votre épaule sont détachés pour accéder à votre articulation.

Les surfaces articulaires sont retirées (humérus systématiquement, omoplate selon son usure et la technique utilisée) à l’aide d’une instrumentation chirurgicale spécialement développée.

La prothèse peut être fixée dans l’os par impaction (prothèse sans ciment) ou avec du ciment (prothèse cimentée) au libre choix de votre chirurgien.

planification 3D prothèse d'épaule inversée

Le logiciel de planification 3D TORNIER BLUEPRINT™ permet de créer des guides d’instrumentation sur mesure.

L’opération a été planifiée sur un logiciel d’imagerie médicale en 3D qui permet de travailler sur des images tridimensionnelles générées à partir  des images du scanner réalisés selon un protocole spécifique.

Cette préparation permet de visualiser avec une grande précision les reliefs et les déformations de la glène et de déterminer l’axe de perçage optimal pour positionner idéalement la prothèse.

On peut ainsi réduire au minimum  le volume de substance osseuse qui devra être retiré par fraisage.

Cette précision du positionnement réduit considérablement les risques de complications : douleurs postopératoire, mobilité limitée, descellement …

Le planning pré-opératoire en 3D offre au chirurgien la possibilité de prendre des décisions mieux informées, notamment  pour le choix du type de prothèse (anatomique ou inversée) et des caractéristiques des implants.

Il peut ainsi mieux sélectionner à l’avance l’instrumentation nécessaire, anticiper les difficultés et éviter de prolonger la durée de l’opération.

Le logiciel offre également la possibilité de simuler les mouvements du bras après la pose de l’implant et de vérifier précisément les degrés de mobilité que permettra la prothèse.

Les guides d’instrumentation personnalisés PSI (Patient Specific Instrumentation)

Une fois l’implant positionné par le chirurgien, le logiciel de planification pré-opératoire génère un modèle de guide de coupe en 3D.

Le fichier est transmis à un laboratoire spécialisé qui fabrique un guide de coupe personnalisé à usage unique, spécifique à chaque patient PSI (Patient Specific Instrumentation) par un processus d’impression en 3D.

Au moment de l’opération, le chirurgien utilise ce guide de coupe personnalisé pour positionner les instruments avec une très grande précision et placer les implants en reproduisant les gestes déterminés pendant la phase de planning pré-opératoire soigneusement mis au point sur la simulation en 3D.

En quels matériaux sont fabriquées les prothèses ?

système de prothèse d’épaule SIMPLICITI™ TORNIER

La partie insérée dans l’os reçoit un traitement spécifique pour  rendre sa surface poreuse.

avec un matériau bio-actif (revêtement d’hydroxyapatite realisé par projection plasma)

Au cours de la cicatrisation, les cellules osseuses colonisent progressivement les surfaces poreuses de l’implant et forment un lien résistant entre os et métal.

reçoit un traitement spécifique pour  rendre de surface

Lorsque l’état de l’os le permet, le chirurgien peut poser une prothèse avec une tige plus courte, ce qui présente plusieurs avantages : opération plus courte, moins de pertes osseuses, récupération améliorée.

Ce type de prothèse peut être une solution adapté à des patients plus jeunes et actifs.

Comme une grande partie de l’os est préservée, une chirurgie de révision sera facilitée lorsqu’il sera nécessaire d’envisager  de remplacer la prothèse dans un délai que l’on peut estimer être de l’ordre de deux décennies.

prothèse épaule Simplicity

système de prothèse d’épaule SIMPLICITI™ TORNIER : une chirurgie simplifiée

Après l’opération

les premiers jours après l’opération

Un traitement de la douleur est mis en place.

Dès le lendemain de l’opération, un kinésithérapeute commence à mobiliser l’épaule.

Le retour à domicile est possible après une courte hospitalisation de quelques jours.

Des soins infirmiers à domicile seront prescrits.

L’attelle d’épaule sera abandonnée après quelques semaines.

Une consultation de contrôle avec votre chirurgien est prévue à J+45.

la récupération après l’opération

Une rééducation avec un kinésithérapeute sera nécessaire pour restaurer la mobilité puis la force musculaire.

Un délai d’environ 45 jours est nécessaire pour la cicatrisation du tendon sectionné pendant l’opération : il faudra éviter tout effort de l’épaule opérée pendant cette période.

La conduite automobile est habituellement possible 2 mois après l’opération.

La durée de l’arrêt du travail varie selon l’activité professionnelle, elle est généralement de 3 mois, avec un délai plus court pour une activité de bureau.

La reprise du sport est possible entre le 2ème et le 4ème mois selon l’activité pratiquée et la qualité de la récupération.

Ces délais sont variables et sont donnés à titre indicatif. Ils seront confirmés en consultation par votre chirurgien.

Les résultats attendus

La récupération est progressive et s’étend sur une période d’au moins 6 mois. L’amélioration peut se poursuivre pendant un an.

L’observation scrupuleuse des consignes post-opératoires et qualité de la rééducation influent grandement sur la qualité et la rapidité de la récupération.

Les résultats attendus de l’opération de prothèse totale d’épaule :

  • retrouver une mobilité indolore de l’épaule dans tous les plans de l’espace
  • conserver une force en rapport à l’âge et à la condition physique

Quelle est la durée de vie d’une prothèse totale de l’épaule ?

La durée de vie d’une prothèse totale de l’épaule est d’environ une vingtaine d’années pour une prothèse anatomique et de 10 à 15 années pour une prothèse inversée.

Avec les progrès technologiques réalisés sur les prothèses actuelles, on peut s’attendre à de meilleurs résultats et à une meilleure durabilité dans le temps.

Malgré ces progrès dans les matériaux, il convient d’éviter les activités qui usent prématurément les implants, les impacts et les efforts qui peuvent provoquer un descellement des composants.

Le composant glénoïdien notamment peut parfois se desceller dans des délais plus courts, sans forcément que votre fonction en soit immédiatement affectée.

Une nouvelle chirurgie peut être nécessaire pour pour la modifier ou remplacer un ou plusieurs composants.

La planification pré-opératoire en 3D permet une adaptation très précise de la prothèse aux particularités anatomiques de chaque patient, ce qui permet d’éviter les problèmes d’usure prématurée ou de descellement causés par un positionnement incorrect.

Quels sports pratiquer avec un prothèse d’épaule ?

La reprise d’une activité physique adaptée est très importante pour maintenir une bonne santé générale, mais elle participe également à l’allongement de la durée de vie de la prothèse :

  • les efforts augmentent la résistance du tissu osseux
  • le renforcement des muscles et des tendons protègent l’articulation
  • l’équilibre, une bonne proprioception et de bons réflexes peuvent limiter les risques de chutes et traumatismes

Le choix d’un sport à pratiquer après une prothèse totale d’épaule dépend de plusieurs facteurs : la condition physique, le niveau de pratique avant l’opération, et la possibilité d’adapter l’activité.

  • Une bonne condition physique pour permettre aux muscles et aux tendons d’absorber une partie de l’énergie et de réduire les contraintes sur la prothèse.
  • Une bonne maîtrise des gestes techniques, des réflexes et une bonne proprioception pour éviter les efforts excessifs sur l’articulation
  • Réduire l’intensité ou la durée de l’effort, le niveau d’activité, utiliser un matériel moins exigeant … pour continuer à se faire plaisir sans risques

Quelques sports à éviter après une prothèse totale d’épaule :

  • sports de raquettes (tennis, squash, badminton)
  • volleyball, basketball, rugby
  • golf
  • certains arts martiaux, boxe
  • ski
  • haltérophilie et musculation
  • chasse, tir
  • tout sport avec un risque important de chute sur l’épaule (VTT), d’impact ou d’effort important sur l’articulation opérée.

Eviter également tous les efforts excessifs sur l’épaule et les impacts dans des activités comme le bricolage (marteau), le jardinage …

Quels sont les risques et les complications possibles de l’intervention?

Les complications postopératoires immédiates sont rares.

Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Une cryothérapie régulière permet de diminuer cet hématome. Lorsqu’il est trop important et devient compressif, une évacuation chirurgicale est exceptionnellement nécessaire.

La cicatrisation des tissus dans l’épaule peut créer des adhérences ou des nodules de fibrose cicatricielle qui peuvent engendrer une raideur articulaire. Une intervention d’arthrolyse arthroscopique est alors nécessaire afin de libérer l’épaule.

Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.

La survenue d’une infection de l’articulation est exceptionnelle. Néanmoins cette complication grave (révélée par de la fièvre, des frissons ou un écoulement cicatriciel) nécessite une reprise chirurgicale pour réaliser un lavage de l’épaule ainsi que la prescription d’un traitement antibiotique prolongé.

Il est formellement déconseillé de fumer avant l’opération et pendant la période de récupération : le tabagisme augmente de manière significative les risques d’infection et de complications de la cicatrisation.

L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris.

Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entraînant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur.

Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.

La capsulite rétractile est une rétraction de la capsule de l’articulation entrainant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule.

D’origine mal connue, elle récupère en un an environ mais peut parfois entraîner une raideur partielle séquellaire.

Les lésions nerveuses sont rares et touchent le plus souvent le nerf axillaire. Il s’agit le plus souvent d’une lésion d’étirement liée aux manœuvres durant l’intervention et qui récupèrent spontanément.

Exceptionnellement il s’agit d’une atteinte plus grave qui peut justifier une nouvelle intervention et laisser des séquelles conséquentes.

La luxation de la prothèse, comme pour presque toutes les prothèses, peut survenir généralement à l’occasion d’un traumatisme ou d’un faux mouvement.

Elle survient généralement dans les premiers mois suivant l’intervention.

Elle nécessite une réduction associée à une immobilisation, mais peut parfois justifier, surtout si les luxations se répètent, une nouvelle intervention.

L’infection chronique secondaire est une complication rare mais grave. Elle peut survenir même très longtemps après la chirurgie et peut provenir d’une infection à distance de l’épaule, comme une infection dentaire ou urinaire.

Une infection sur la prothèse peut conduire à une nouvelle chirurgie.

Il faudra donc surveiller attentivement, traiter les infections toute votre vie et prendre soin de votre peau en évitant toute plaie qui constituerait une porte d’entrée pour les bactéries.

Il est important de respecter les consignes post-opératoires donnés par votre chirurgien et par votre kinésithérapeute pour la reprise des activités sportives.

Le non respect des consignes peut conduire à des complications mécaniques.

Les nerfs et artères qui entourent l’épaule peuvent être accidentellement blessés. Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une perte de la sensibilité voire une paralysie de certaines parties du membre opéré. En cas de lésion artérielle, une chirurgie vasculaire peut être nécessaire.

Plus fréquemment une perte de sensibilité de la peau (hypoesthésie) peut persister dans la zone opérée. Celle-ci disparaît ou s’atténue le plus souvent avec le temps et n’entraîne pas de gêne fonctionnelle.

Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique.

Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous devrez comprendre et accepter.

Votre chirurgien vous donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.

injection

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Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.